Qu’on le veuille ou non, le petit train de nos pensées tourne inlassablement dans notre tête, même quand on essaye de ne penser à rien ou qu’on dort. Philosophes, médecins et scientifiques ont beau se creuser la tête et se remuer les méninges depuis des siècles, on ne sait toujours pas comment se forment les pensées, ni même à quoi elles ressemblent.
Alors d’où viennent toutes ces images et la fameuse petite voix dans notre tête ?
Est-ce vraiment nous qui contrôlons nos pensées ? Ou l’inverse l’univers. Surtout quand on sait que la quasi-totalité des processus mentaux se déroule à notre insu. Comment utiliser le pouvoir de la pensée à notre avantage ? Il a fallu une évolution au long cours pour que notre cerveau, il y a près de 100 000 ans, devienne celui qu’on a aujourd’hui. Une structure de 86 milliards de neurones connectés par plus d’un milliard de synapses. Cela en fait l’organe le plus complexe de l’univers. Comment cet amas d’eau de protéines, de graisse, de vitamines et de cholestérol, a-t-il pu inventer les fusées, l’Internet ou l’intelligence artificielle ?
Les Égyptiens pensaient que le cerveau n’était que de la matière organique remplissant la boîte crânienne. Pour eux, le siège de la conscience était le cœur. Les Grecs supposaient que le cerveau était une sorte de machine thermique pour refroidir le sang et que les pensées naissaient dans les glandes. Puis, lorsque notre monde s’est industrialisé, il y a plus de 200 ans, on s’est imaginé qu’un automate interne fabriquait les pensées.
Même si on regarde à l’intérieur de notre crâne, impossible de voir les pensées. Elles ne sont ni tangibles ni mesurables. Elles s’apparenteraient plutôt à une activité mentale fugace qui va et vient, apparaît et disparaît. L’esprit a-t-il une dimension matérielle ? La question divise les chercheurs.
L’esprit peut-il influencer le développement du tissu cérébral ? À la naissance, le cerveau est parsemé de petits chemins de campagne, des liaisons rudimentaires entre les neurones qui vont s’étoffer au fil du temps. Quand on emprunte régulièrement un chemin, on l’élargit et on le recouvre d’asphalte jusqu’à en faire une véritable autoroute. En fonction de nos expériences, de nos apprentissages et de nos pensées, de nouvelles voies sont tracées, réorganisées, voire détruites. Un processus physiologique qui peut aller jusqu’à modifier la taille de certaines zones cérébrales. Jusqu’au milieu du XXe siècle, pourtant, on pensait que le cerveau était une structure rigide et qu’à partir de l’âge adulte, il ne faisait que régresser. On avait tort.
Notre vécu et nos pensées ne modifient pas seulement le cerveau. L’esprit possède un pouvoir encore plus fort, celui d’influencer puissamment tout notre corps et sa biochimie.