Le zona est une maladie infectieuse causée par la réactivation du virus varicelle-zona, qui reste latent dans le système nerveux après une primo-infection, généralement la varicelle. Cette réactivation peut survenir chez des personnes ayant un système immunitaire affaibli, en raison de facteurs comme le stress, la fatigue, certaines infections comme le VIH, ou encore des traitements comme la chimiothérapie.
Pour mieux comprendre le zona, nous faisons le point dans cette interview avec le Professeur Nicolas Dupin, dermatologue et président de la Société française de dermatologie.
Professeur Nicolas Dupin : Le zona est étroitement lié au virus de la varicelle, c’est le même virus qui se réactive plus tard. Lorsque nous sommes enfants, nous attrapons la varicelle, une maladie de la peau. Le virus entre dans une phase dormante dans les racines nerveuses, notamment dans le ganglion spinal postérieur. Il s’installe dans les neurones et dort.
Tout le monde est porteur du virus. Au fil du temps, à mesure que les défenses immunitaires s’affaiblissent, le virus peut réapparaître, provoquant une éruption cutanée le long d’un nerf, le rendant unilatéral et visiblement segmenté sur le corps.
A mesure que nous vieillissons, le contrôle immunitaire diminue, ce qui augmente les risques de zona à un âge plus avancé. Les deux tiers des cas de zona touchent des personnes de plus de 50 ans. Pour autant, des défenses immunitaires plus faibles à un plus jeune âge peuvent augmenter le risque.
La fatigue mentale augmente le risque, tout comme la dépression peut également affaiblir les cellules immunitaires.
- Est-ce comme la varicelle avec des taches partout ?
Le zona est localisé sur le territoire d’une zone nerveuse. La réactivation provoque une éruption cutanée semblable à la varicelle, mais limitée à des voies nerveuses spécifiques, et non généralisée comme la varicelle.
- Y a-t-il des zones plus sujettes au zona ?
Pas vraiment, mais si cela affecte le visage, il y a un risque pour les yeux en raison de branches nerveuses spécifiques. D’autres zones peuvent provoquer des douleurs d’origine nerveuse.
Le zona commence souvent par une douleur avant l’apparition de l’éruption cutanée. Les gens peuvent suspecter autre chose, comme un problème cardiaque, avant l’apparition de l’éruption cutanée. Il est courant d’avoir une douleur non diagnostiquée avant l’apparition de l’éruption cutanée, ce qui rend le diagnostic précoce difficile.
- Outre l’éruption cutanée, quels autres symptômes peuvent indiquer un zona ?
Principalement une douleur due à sa nature neurologique, car le virus affecte le nerf. La douleur survient le long de la racine nerveuse affectée ; par exemple, un nerf thoracique provoque une douleur semblable à une ceinture. Cela peut imiter des problèmes thoraciques et précéder l’éruption cutanée, ce qui complique initialement le diagnostic.
- L’éruption cutanée démange-t-elle comme la varicelle ?
Cela démange moins et c’est plus douloureux. Les cloques se forment en grappes, comme l’herpès mais plus douloureuses. En général, c’est bénin, mais cela peut aussi être invalidant
- Quelles complications pourraient survenir ?
Les principales complications comprennent la douleur et les infections bactériennes en cas de grattage. Les infections près de l’œil peuvent être plus graves et des problèmes nerveux peuvent survenir.
- Le zona peut-il être mortel ?
Non, mais plusieurs épisodes peuvent survenir, car ils ne confèrent pas une immunité complète comme la varicelle.
- Un choc émotionnel peut-il déclencher le zona ? Par exemple, après le décès de son conjoint.
Oui, le stress émotionnel peut déstabiliser l’harmonie du corps, déclenchant éventuellement le virus.
- La COVID-19 peut-elle augmenter le risque de zona ?
Oui, comme d’autres infections, car cela affecte l’immunité. Nous avons constaté une réactivation du zona après la COVID et la vaccination.
- Le zona guérit-il tout seul ?
Oui, cela se résout souvent sans traitement, mais les antiviraux peuvent être utilisés pour réduire la douleur post-zona chez les patients plus âgés.
- Qu’en est-il du traitement par antiviraux ?
Des pilules antivirales pendant sept jours sont recommandées, en particulier pour les patients atteints d’une atteinte oculaire ou immunodéprimés.
L’atteinte oculaire semble préoccupante. Cela peut entraîner de graves complications oculaires. Le traitement est donc essentiel pour prévenir la perte de vision.
- Combien de temps durent les symptômes ?
En général, sept à dix jours, mais une récidive peut survenir plus tard.
- Qu’en est-il de la prévention du zona par la vaccination ?
Le vaccin est recommandé pour les plus de 65 ans mais n’est pas obligatoire. C’est vivant mais moins efficace au fil du temps.
- Recommandez-vous la vaccination à vos patients ?
Pour les patients à risque, oui. Cependant, un vaccin plus efficace et offrant une immunité durable serait préférable.
- Comment traiter les lésions du zona ?
Nettoyer avec de l’eau et du savon de Marseille ; appliquer une pommade pour éviter les égratignures et la formation de croûtes.
Avec nos remerciements au professeur Dupin, pour son éclairage sur le zona.